Chef lieu du département du Morbihan et située 10, place du Général De Gaulle à Vannes, la préfecture fût construite en lieu et place de l'ancien couvent des Jacobins à la suite de l’effondrement partiel des anciens bureaux, installés depuis la fin du XVIIIè siècle, rue Emile Burgault. Nous avons eu envie de vous faire découvrir ce lieu chargé d'histoire et carrefour des grandes décisions.
Une épopée bretonne...
En Août 1862 c'est à Jean Marie Normand, architecte de Redon, que fût confié le projet. Ce bâtiment en pierres de taille de granit, édifié en forme de U dans un style Néo renaissance, sera inauguré en 1865. Les grilles s'ouvrent sur une cour d'honneur profonde de 31 mètres laissant place à un bâtiment dont le corps central est réservé aux réunions tandis que les ailes renferment les bureaux. Sa façade principale de 30 mètres de long, établie sur trois niveaux, laisse apparaître quelques détails architecturaux notables tels que des encadrements à bossage ou plus particulièrement le fronton de la coupole sur lequel l'artiste sculpteur LE MERLE représenta deux figures héroïques bretonnes que sont Nominoë et Barbe-Torte.
Un lieu chargé en Histoire
La visite débute par le hall d'entrée dont les murs sont parés des blasons représentant les quatre arrondissements du Morbihan.
A notre gauche, une majestueuse porte en bois, entourée de colonnes sculptées, cache l'accès au Grand escalier en fer forgé à double volée (ndlr : que nous n'aurons malheureusement pas eu la chance d'apercevoir) menant aux appartements privés du préfet.
A droite, nous entrons Salle Roth non sans dire la plus « chargée » en histoire sous la bienveillance du buste du plus jeune préfet de France : Alfred Roth, nommé en 1909, qui quitta ses fonctions pour rejoindre le front qui lui sera malheureusement fatal.
Cette salle sera, lors de la seconde guerre mondiale, investie par la Kommandantur avant d'y accueillir en 1945, le Général De Gaulle.
Redécorée par la suite, on peut y découvrir un majestueux « tryptique pictural », oeuvre de Pierre Bompard, représentant les célèbres sites du Faouët, de Saint Armel et de Josselin. On notera également aux quatre coins de la pièce les plaques mentionnant le nom des différents Préfets qui se sont succédés. Un détail reste à trouver ici : il existe une porte dissimulée !
Empruntons à présent le long tapis rouge qui habille le couloir transversal pour rejoindre le salon du Chouan arborant, à son tour, des scènes de la vie bretonne au travers de peintures murales d'Edouard Ducros.
Aujourd'hui, cette salle est principalement dédiée aux interventions du Préfet, à la presse et centralise également le dépouillement des résultats du département en période électorale. On notera avec amusement la confrontation des époques où l'architecture du lieu côtoie la technologie multimédia.
Grand miroir mouluré et petite horloge dorée posés sur une cheminée au marbre anthracite, ce charmant petit salon privé qu'est Le salon bleu est resté lieu d'accueil et de pauses intimistes aussi bien autour de la petite table basse que de la grande table à manger. Ses portes fenêtres donnant accès sur les jardins, laissons-nous guider par un peu d'air frais et de nature : Le parc constitué de 5 hectares boisés, verdoyant au printemps, est parcouru par un cours d'eau enserrant une petite île par laquelle il est possible d’accéder par un petit pont en bois ; ici le temps se suspend au milieu des canards et d'un couple de perruches ayant élu domicile...
Retournons-nous un instant vers la façade: admirons le fronton qui, de ce côté, propose des sculptures aux symboles aquatiques avant de reprendre le « cheminement officiel »...
Quelques pas plus loin, une porte s'ouvre sur la lumineuse salle de billard. Au centre du parquet, sous un lustre disposant d'un allumage au gaz, trône l'imposant « tapis vert » bourgeois Français commandé, à l'époque, pour 1000 francs or. Dans un angle de la pièce subsiste un ancien tableau de score boulier sur lequel cinq colonnes de texte expliqueront, au plus courageux, les « nouvelles règles du billard » , avis aux amateurs...sortez vos lunettes ! Cheminée en marbre, rideau et mobilier style Henri II habillent ce lieu longtemps prétexte de discussions ''discrètes '' avec le Préfet.
Notre petit voyage historique se poursuit au sein de la Salle à manger ARGOËT de nos jours utilisée dans le cadre d'annonces officielles, déjeuners, réceptions... le président Macron foulera d'ailleurs ce parquet au lames bicolores en 2017, l'année de son élection. On y retrouve du marbre rare et prestigieux sur les plateaux des cheminées, des peintures ornementales (style Jean Burin – Versailles) et des lustres aux motifs rocailles. Ouvrez les yeux car dans cette pièce se trouve la deuxième porte dérobée !
Bien que passionnés par cette décoration, notre regard ne peut qu'être attiré par ce que révèlent les portes vitrées attenantes à un endroit secrètement préservé : Le jardin d'hiver.
Ce lieu splendide, baigné par la lumière naturelle, rappelle au style colonial par son mobilier en bois et rotin ainsi que par l'exotisme de sa végétation.
Nous ne foulerons le sol en damier qu'en bordure et sur quelques mètres car ici tout est protégé ; la structure, devenue très fragile, a été consolidée dans l'attente de possibles travaux mais le petit détour en vaut vraiment la chandelle !
Vous l'aurez certainement compris, nul doute que nous en avons pris plein les yeux en découvrant ce que renferme cet imposant bâtiment.
Succession de mobiliers divers, d'artistes peintres, sculpteurs, tous au service d'une histoire : celle de notre beau département qu'est le Morbihan !
N'en disons pas plus et laissons l'envie de venir découvrir l'intimité de cette grande dame qu'est la Préfecture lors des prochaines journées du Patrimoine.
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